Le bois est l'un des plus anciens matériaux de l'humanité. Il se prête à de multiples usages et il est facile à travailler. De plus, le bois a une longue durée de vie et il est relativement léger par rapport à son volume. Il est en même temps très solide et il résiste à des charges élevées sans se déformer ou se casser. Comme le bois isole naturellement bien, il est particulièrement efficace de recourir à ce matériau dans les constructions efficientes sur le plan énergétique.
Pourtant le bois doit encore lutter contre de nombreux préjugés. Les constructions en bois sont prétendument bruyantes et pleines de courants d'air. Elles se dégradent rapidement et flambent comme des boîtes d'allumettes. Telles sont des opinions encore largement répandues. Mais ces préjugés ne se justifient plus depuis longtemps. Les maisons en bois d'aujourd'hui satisfont sans peine aux exigences actuelles en matière de protection thermique et phonique et de protection contre l'humidité et l'incendie. Le bois comme matériau de construction offre des possibilités architecturales quasiment illimitées et le ne cède en rien aux autres matériaux sur le plan de la résistance à la charge, aux intempéries ou au feu.
Comment et où utiliser le bois en construction ?
On fait une distinction fondamentale entre la construction légère en bois et la construction massive en bois :
Dans les constructions légères en bois, on utilise des bois équarris comme poutres et piliers entre lesquels on pose une isolation thermique. Un revêtement en bois peut être posé ensuite. Les constructions légères en bois sont construites avec différents degrés de préfabrication, du montage effectué directement sur le chantier aux pièces préfabriquées. Pour une maison en bois construite sur ce principe, il faut environ 35 m³ de bois.
Les constructions massives en bois d'aujourd'hui n'ont plus grand-chose à voir avec les chalets d'autrefois. Elles sont constituées de grands éléments de bois massif en formes de plaques ou de panneaux de contreplaqué, assemblés par couches ou croisés. Pour une maison en bois construite sur ce principe, il faut environ 75 m³ de bois.
La construction en bois sur plusieurs étages a connu d’énormes progrès en Europe centrale au cours des dernières années. Grâce aux nouvelles connaissances acquises dans le domaine de la protection contre les incendies, certains pays alpins ont assouplis les normes sévères et ouvert la voie à la construction en bois. Jusqu’ici, le bois était essentiellement utilisé pour la construction de maisons individuelles ou pour deux familles. A côté des solutions personnalisées, on réalise de plus en plus de maisons concepts, c’est-à-dire de maisons préfabriquées standardisées.
Mais aujourd’hui, il est parfaitement possible d'ériger des ouvrages en bois de plus grande taille. En Autriche, la construction d’immeubles à plusieurs étages a été autorisée en 1995, de sorte que pour les constructions mixtes en bois, jusqu’à cinq étages sont réalisables, contre quatre pour les constructions uniquement en bois. En Suisse, de nouveaux segments de marché importants ont été ouverts à la construction en bois grâce aux directives de protection contre les incendies entrées en vigueur en janvier 2005, notamment pour les complexes d’habitation et de bureaux. Dans toute la Confédération, les constructions en bois comportant jusqu’à six étages sont ainsi possibles.
Une maison en bois - de multiples avantages
Des réservoirs de CO2
En utilisant du bois comme matériau de construction, on fixe le carbone stocké dans le bois pour une durée de 80 ans environ. Une maison individuelle moderne construite en cadres de bois avec 15 tonnes de matériaux en bois, ce qui correspond à environ 55 m³ de bois, prélève environ 28 tonnes de CO2 à l'atmosphère. Selon les calculs de l'industrie suisse du bois, environ 85 millions de tonnes de CO2 sont stockées sous forme de matériaux de construction en bois dans les bâtiments suisses, ce qui correspond au CO2 émis par ce pays en l'espace de deux ans.
Vite construite
Les différents éléments de construction d'une maison en bois peuvent être préfabriqués à la charpenterie. Cela peut aussi se faire pendant les mois d'hiver, alors que les chantiers conventionnels sont souvent abandonnés. Comme le bois est déjà séché au préalable, il n'est pas nécessaire de laisser sécher le gros œuvre, auquel on peut travailler même s'il gèle. Le matériau de construction étant naturel, il n'y a pas de nuisances olfactives. Dans les halles de fabrication modernes, on préfabrique des parties entières de maisons, des parois ou des éléments de planchers avec isolation thermique, conduites, fenêtres et portes. On assemble ensuite les éléments sur place. La construction à l'aide d'éléments préfabriqués requiert une planification soigneuse, mais raccourcit énormément le temps de construction. Une maison individuelle préfabriquée peut être montée en un jour.
"Si tu veux être en bonne santé, installe-toi dans une maison en bois"
La sagesse indienne est toujours d'actualité, à condition que le bois n'ait pas été traité avec des substances toxiques, comme on l'a souvent fait par le passé. Si l'on applique les principes de la protection du bois par la construction elle-même (construire avec du bois sec et le garder sec), il n'est pas nécessaire de traiter le bois avec des produits chimiques. Le bois utilisé comme matériau de construction possède toutes les qualités assurant un climat ambiant agréable : il fournit une isolation thermique, prélève l'humidité de l'air et la restitue au besoin, il est neutre sur le plan électrique, présente une température élevée à la surface, il sent bon et n'émet pas de substances toxiques.
"Plus tard, mes petits-enfants pourront brûler ma maison."
Une maison en bois peut s'éliminer facilement - pour autant que le bois n'ait pas été traité avec des produits chimiques et que les éléments de construction puissent se démonter pour être éliminés séparément lors de la démolition. On a le choix entre récupérer les matériaux de construction ou les brûler pour produire de la chaleur. Dans le premier cas, le bois de démolition est par exemple utilisé pour la fabrication de panneaux agglomérés et il est ainsi réintroduit dans le circuit économique.
Pour construire une maison individuelle sur le principe de la construction légère en bois, il faut environ 35 m³ de bois. Si cette maison est démolie dans 80 ans et que l'on brûle la moitié de son bois, on pourra produire environ 30'000 kWh d'énergie (la combustion de 1 m³ de bois produit en moyenne 1'800 kWh). Cette énergie permettrait de couvrir pendant 20 ans les besoins en énergie de chauffage d'une maison passive avec une surface habitable de 100 m².
Préjugés à l'encontre du bois comme matériau de construction
"Une maison en bois flambe comme une boîte d'allumettes !"
Beaucoup de gens s'imaginent qu'une maison en bois brûle en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Mais les exigences en matière de protection contre les incendies sont aussi élevées pour les maisons en bois que pour les constructions massives. Les spécialistes distinguent des classes de résistance au feu de F30 à F90 (le nombre indique après combien de minutes l'incendie éclate à partir du moment où les flammes entrent en contact avec la construction. Dans les bâtiments actuels en bois, on peut construire de façon à respecter toutes les classes de résistance au feu.
Le principal problème lors d'un incendie réside de toute façon dans l'aménagement intérieur et pas dans la construction elle-même. Les tapis et les rideaux entraînent une propagation rapide des flammes. Les matériaux de construction et les matières plastiques et minérales développent très vite des gaz beaucoup plus toxiques que ceux provoqués par la combustion du bois. Les dernières études menées par proholz Austria montrent qu'une maison en bois prenant feu brûle de manière beaucoup plus contrôlée et plus sûre. Le bois forme une couche de charbon protectrice qui empêche que la combustion se poursuive. Lorsque le dimensionnement est suffisant, il reste un noyau solide en dessous. Par contre, une poutre métallique non-protégée perd la moitié de sa portance à une température de 550°C. Avec la dilatation thermique, suivie d'une rétraction, ces éléments de construction peuvent s'effondrer soudainement longtemps après qu'on a éteint le feu.
"On n'est jamais seul dans une maison en bois…" - Protection phonique dans une maison en bois
On peut obtenir une bonne protection phonique dans les bâtiments en bois au moyen de différents matériaux et d'une construction bien pensée des parois, des dalles et du toit. On combine différents matériaux entre eux en intercalant plusieurs couches, de façon à obtenir les mêmes valeurs de protection phonique que dans une construction massive. Cela implique notamment l'aménagement de "couches intermédiaires" molles (on peut par exemple poser quelques cm de remplissage isolant sur une dalle en poutres de bois et installer là-dessus un plancher en bois) et une séparation scrupuleuse des différentes couches, afin d'éviter les ponts phoniques. On a le choix entre une quantité éprouvée de types de parois et de dalles à même de satisfaire tous les désirs en matière de protection sonore.
"Une maison en bois est la proie des vers !"
Les ennemis du bois sont les champignons et les insectes. On peut prévenir une attaque en protégeant le bois par l'architecture même du bâtiment, sans devoir recourir à des produits chimiques. Les champignons ont besoin d'une humidité du bois d'environ 30% et ce pendant une période prolongée (env. 6 mois). Les éléments de construction en bois présentent normalement une humidité de 8% (meubles, parquet) à 15% (charpente de combles non-chauffés). En règle générale, les éléments de construction en bois ne deviennent jamais assez humides pour que de la pourriture puisse s'y développer. Après un dégât d'eau, il est important de bien faire sécher le bois.
Quant aux insectes, il s'agit d'empêcher qu'ils pondent leurs œufs dans le bois. Protéger le bois par la construction signifie ici leur barrer l'accès par des revêtements appropriés ou recourir à des bois particulièrement résistants aux endroits exposés.
Source : http://www.cipra.org/fr